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Le sentier des Cantilènes est l’aboutissement d’une bien longue méditation.
Durant trente-six années, à cause d’une extrême pudeur ou par crainte de trop me livrer, j’ai écrit dans le plus grand secret. Mes proches eux-mêmes ont totalement ignoré à quel “vice” étrange et délicieux je me livrais en cachette !

Seul un vieux copain, connu sur les bancs du lycée Saint-Charles à Marseille a été, depuis le début, dans la confidence. C’est justement lui qui, à la fin de l’année 2004, lors de retrouvailles après une longue période d’éloignement, m’a suggéré de publier mes textes.

Tout récemment, surmontant mes appréhensions, j’ai montré mes poèmes à quelques personnes. Elles ont manifesté un tel enthousiasme que je me suis enfin décidé à tenter l’aventure.

Je remercie Corinne, Odette, Jean-Jacques et les autres. Sans eux, ce premier recueil n’aurait sans doute jamais vu le jour.

Je vous présente ci dessous une sélection de 10 des 101 poèmes de mon recueil "Le Sentier des Cantilènes", à titre d'exemples. Ce ne sont pas forcément les meilleurs - mais ils sont représentatifs des différents styles de textes que j'écris.

Le sentier des Cantilènes - Marcel Orengo

RECUEIL de POEMES

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15 euros

ISBN : 2-35027-289-3
196 pages

Editions Amalthée - 2 rue Crucy - 44005 Nantes Cedex 1 - France
Téléphone : 02 40 75 60 78 - Télécopie : 02 40 75 98 53
Courriel: infos@editions-amalthee.com


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24 novembre 1995

A MON GRAND-PERE, LE POILU

Des Flandres à Verdun, du Mort-Homme à l'Argonne
Et du Chemin des Dames au Plateau de Craonne,
J'ai suivi tes vingt ans dans les grands cimetières
Où les croix alignées couvrent la terre entière.

J'ai suivi tes vingt ans consumés dans l'enfer
De la boue et du sang, et du feu, et du fer,
J'ai suivi tes vingt ans en marchant sur les crêtes
Et j'y ai vu briller l'acier des baïonnettes.

J'ai guetté ton fantôme entre les forteresses
Et cherché ton regard, celui de ta jeunesse
Qui côtoyait la mort au fond de ces vallons
Où j'entendais le vent chanter La Madelon.

J'ai suivi tes vingt ans couleur bleu horizon
Et j'ai erré longtemps près de La Malmaison
Parmi les champs d'horreur, te cherchant, ô grand-père,
Le long des croix de bois, le long des croix de pierre,
Le long des souvenirs que hante l'hécatombe,
Rêvant, au vent d'été qui souffle sur les tombes...

Peyrolles-en-Provence, le 24 novembre 1995, en souvenir d'un moment d'émotion intense ressenti l'été précédent sur les champs de bataille où combattit mon grand-père paternel de 1914 à 1918.

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22 février 2005

A MONSIEUR JULES VERNE

J'avais alors huit ans, au matin de Noël,
Lorsqu'au pied du sapin parmi d'autres cadeaux
J'aperçus un gros livre illustré de pastels
Et un superbe atlas aux airs d'Eldorado...

En suivant les enfants du Capitaine Grant,
Fasciné par les noms des cartes de l'atlas,
J'explorais l'univers du vieux conteur de Nantes
Et sillonnais les mers, les déserts et les glaces.

J'ai suivi l'albatros et le rire des sternes,
Sur le pont du Duncan j'ai découvert un monde,
Et j'ai lu en entier l'oeuvre de Jules Verne
Du Détroit de Béring aux Iles de la Sonde...

Je me suis embarqué pour Deux ans de Vacances,
Fait le tour de la terre à bord du Nautilus,
J'ai survolé la lune, aboli les distances
Avec Michel Strogoff dans l'immensité russe !

Aucun de mes chagrins ne pouvait résister
Lorsque je m'évadais vers ces lointains rivages
Où l'immense écrivain me faisait accoster
Au milieu des tam-tams des peuplades sauvages...

J'avais souvent du mal à refermer le livre
Quand j'étais pris au jeu des belles aventures,
Et le sommeil tardait lorsque je croyais vivre
Les affres du roulis du haut de la mâture !

Aujourd'hui bien souvent je lis encor ces pages
Et me laisse bercer aux vagues de mes rêves,
Je redeviens enfant et j'en oublie mon âge,
En écoutant chanter le ressac sur les grèves...

(Ecrit à Peyrolles-en-Provence le 22 février 2005, en hommage à Jules Verne dont j'ai toujours été un fervent lecteur).

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octobre 1969

CONTRE LA MONTRE

Soir    le vent rafraîchit la nature assoupie
Soir    la mer vient lécher le sable sans répit
Soir    le soleil descend sur l'horizon ardent
Soir    je voudrais te vivre et n'en ai pas le temps

Soir    un phare illumine un instant le chemin
Soir    il n'est plus qu'un point qui s'enfuit vers demain
Soir     un oeil me regarde au fond de ce fourré
Soir    je te sens glisser entre mes doigts serrés

Soir     le temps s'effiloche et les âmes se taisent
Soir    quelque part un chat se réchauffe à la braise
Soir    la fumée d'un train monte dans le lointain
Soir    un coup de mistral et l'instant s'est éteint

Soir     un insecte meurt là-bas dans les bruyères
Soir    un homme agonise aux confins de la terre
Soir    la vie et la mort se disputent la nuit
Soir     il n'est d'éternel que le temps qui s'enfuit

Soir    mille souvenirs brillent dans les embruns
Soir    et l'instant présent les dévore un à un
Soir    je te vois soudain au soir te dérober
Soir    tu n'es que prologue et la nuit va tomber

Soir    une étoile point d'une lueur timide
Soir    il traîne dans l'air une fraîcheur humide
Soir     déjà le passé s'éloigne dans le noir
Soir,    je veux retourner où tu étais le soir !

(La Couronne, octobre 1969 ; angoisse du temps qui passe, thème récurrent chez moi !).

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6 février 2005

HURLEVENT

Le vent d'hiver est en colère,
Il souffle, il siffle et il persifle,
Il brasse l'air, il exaspère,
Il enfle et gonfle, il ronfle et gifle.

Le vent bouscule et gesticule,
Il craque et traque, attaque et claque,
Catapulte et désarticule,
Il matraque et il contre-attaque.

Le vent torture la nature,
Se déhanche et casse les branches,
Il jure, il use et défigure,
Et déclenche des avalanches.

Le vent déssèche et se dépêche,
Emporte jupons et chapeaux,
Le vent trousse les plus revêches,
Riches habits ou oripeaux.

Le vent d'hiver est un rustaud
Qui tempête et qui vitupère,
Comme à la cour du roi Pétaud ;
Le vent d'hiver est en colère.

(Ecrit à Peyrolles-en-Provence le 6 février 2005, alors que se levait le vent d'est...).

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8 juin 2005

J'AI DANSE AVEC LE DIABLE

J'ai croisé sur ma route une ombre séduisante
Et je lui ai souri avec ingénuité,
Elle m'a répondu d'une voix envoûtante
Et autour de moi tout s'est arrêté...
J'ai tendu la main à un sortilège
Et je suis tombé devant un mirage ;
Je n'ai pas compris quel était le piège
Où me conduisait mon vagabondage...
Le Diable m'a souri gentiment
Et j'ai dansé un peu avec lui :
Juste Dieu, que le Diable est joli,
Que le Diable est joli quand il chante gaiement !

J'ai écouté la voix mortelle des sirènes
Et j'ai posé ma lèvre au dangereux calice
Pour goûter l'âpre miel dont les rêves s'éprennent
Et sombrer au fond de traîtres délices...
Mais au bord du vertigineux abîme,
L'âme dressée d'un élan surhumain,
S'est élevée sur des à-pics sublimes
Où j'ai livré un combat incertain...
Et le Diable riait doucement
Et je dansais encore avec lui ;
Mais, mon Dieu, que le Diable est joli
Quand il sourit ainsi, que le Diable est charmant !

Aujourd'hui, fièrement, j'ai planté ma victoire
Ainsi qu'un étendard sur des ruines fumantes,
Mais les ruines sont là : où se trouve la gloire ?
J'avance à présent sur des eaux dormantes
Dans l'épais brouillard de l'incertitude ;
Que Dieu me conduise au bout du voyage,
Me guide à travers ses vicissitudes
Et me garde enfin d'y faire naufrage !
Mais le Diable sourit tendrement,
Je ne veux plus danser avec lui,
Car, Grand Dieu, que le Diable est joli,
Que le Diable est joli quand il rit gentiment !...

(Ecrit à Peyrolles-en-Provence le 8 juin 2005. « Seigneur, ne nous soumets pas à la tentation »).

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23 janvier 2005

MELANCOLIE

En gouttelettes glauques
La pluie coule sur les carreaux,
Eclate en mille cloques
Parmi les flaques d'eau.
Et les larmes du ciel
En un flot torrentiel
Eclaboussent la mer
De ma mélancolie
Qui sur ces tons salis
Traîne son goût amer.

Et les feuilles s'envolent
Sous le souffle plaintif du vent
Qui gémit, se désole,
Dans le soir décevant ;
De lugubres rivières
Emportent des misères,
Charrient le gris cloaque
De ma mélancolie
Sous le soleil pâli
Dans les reflets des flaques.

Et toutes les couleurs
Fondent et coulent sur les choses,
On dirait qu'elles pleurent
Et tout devient morose...
Un liquide visqueux,
Dégoûtant et laqueux
Couvre le paysage :
C'est la mélancolie
Qui tout ensevelit
Au fond du marécage...

(Ecrit à Marseille un soir de février 1970 où je regardais tomber la pluie depuis la fenêtre de ma chambre exprime bien ce que je devais ressentir ! Revu et corrigé à Peyrolles-en-Provence le 23 janvier 2005).

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février 1970

MENTION COUPABLE

Depuis les ombres esquissées
Sous le hâlo blâfard des lampes
Des rêves à jamais brisés
Depuis le temps perdu qui campe
Et rôde au-dessus des estampes
Je vois dans l'oubli s'enliser
Des heures sans gloire qui rampent
Sur les murs ternis du lycée.

Mon âme qui s'est déguisée
En rayon de bibliothèque
Essaie encor de se glisser
Hors de ce carnaval grotesque
Peuplé de philosophes grecs
Mais les filets sont bien tissés
Comme un piège cauchemardesque
Sur les murs ternis du lycée.

Et je suis immobilisé
Entre les mailles du présent
Lentement je suis enlisé
Dans la fange triste du temps
Qui s'accumule à chaque instant
Je vois son niveau se hisser
Le long du crépi noircissant
Sur les murs ternis du lycée.

Et lorsque j'aurai remisé
Au souvenir ces longs couloirs
Et que j'aurai enfin brisé
Les chaînes et le désespoir
J'aurai laissé dans la victoire
Ces joies qui s'évanouissaient
Au fil des longues heures noires
Sur les murs ternis du lycée.

(Ecrit en février 1970 dans les couloirs du lycée Saint-Charles, à Marseille, un de ces jours de cafard que bien des lycéens ont connus !)

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31 mai 2005

QUI M'AIME ME SUIVE !

Quel est donc cet air de déjà-vu
Que je vois surgir des sentiers battus
Par-delà le temps et les années perdues ?

En regardant briller le regard des enfants
Je vois briller aussi des matins triomphants ;
Je sens couler en moi une sève vermeille
Et un nouveau printemps éclore au grand soleil
Lorsque danse gaiement le feu de l'amitié
Qui m'éclaire le long du sentier...
Tous les amis qui m'accompagnent
Par les vallées et les montagnes
Versent l'élixir d'éternelle jeunesse
Dans le calice d'or de l'allégresse.
Grâce à leur sourire radieux,
Les instants délicieux
S'impriment à jamais sur le front du présent
Tandis que je m'en vais dans le jour faiblissant...

En côtoyant ainsi tant de jeunes visages,
En me frottant à tous les âges,
J'avancerai avec courage
Vers les hâvres lointains de l'hiver de ma vie.

Et lorsque m'abattront les funestes nervis,
Je sourirai encore en pensant à tous ceux
Qui ne m'oublieront pas quand je serai aux cieux.

(Ecrit à Peyrolles-en-Provence le 31 mai 2005).

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10 janvier 2005

VA CUEILLIR LES ETOILES...

Tu portes pour prénoms Charles, Edmond, Florestan ;
Ils claquent au grand vent comme des étendards,
Ces prénoms d'empereur, de chevalier errant,
Je te les ai offerts comme des oeuvres d'art !

Ils ont été forgés à l'aune de la gloire,
Sois fier de les porter, sois digne, et marche droit,
Ne t'éloigne jamais des chemins du devoir :
Si tu es juste et bon, Dieu le sera pour toi.

Je t'ai montré, enfant, un monde merveilleux
A travers les forêts, les lacs et les montagnes
Et j'ai eu le bonheur de voir s'ouvrir tes yeux
Qui regardaient la vie comme un mât de cocagne.

Emporte-le toujours au fond de tes bagages
Contemple alors le monde avec des yeux d'enfant
Et l'émerveillement fera de toi un sage,
C'est la voie du bonheur que l'on suit en rêvant.

Emporte sur les flots par delà l'océan
Notre amour, et les vents qui soufflent dans les voiles
Te diront à travers les cris des goélands
Comment tu peux être humble et cueillir les étoiles !

(Ecrit à Peyrolles-en-Provence le 10 janvier 2005, pour mon fils Charles,

devenu marin ; une façon de lui souhaiter bon vent...).

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16 avril 2005

VIRELAI POUR LA VIE

Dansez dans les bois fleuris,
Ondines et gais lutins,
Dans le soleil du matin
Et les perles de rosée,
Chantez la vie qui sourit !

Va-nu-pieds et paladins,
Bas de laine ou de satin,
Allez donc vous amuser,
Dansez dans les prés fleuris !

Mécréants et sacristains,
Pures vierges et catins,
Foulez les Champs-Elysées,
Chantez la vie qui sourit !

Poètes et baladins,
Perdez-en votre latin,
Invitez votre Muse, et
Dansez dans les bois fleuris !

Lapins, écureuils mutins,
Nobles cerfs au front hautain,
Chouettes et renards rusés,
Chantez la vie qui sourit !

Séraphins et diablotins,
Le Bon Dieu donne un festin,
En satyres déguisés,
Dansez dans les bois fleuris !

(Brest, le 16 avril 2005).


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